mardi 26 février 2008

Le a privatif de l'amour.

L’amour se vend dans les rues désertes de mes rêves à cent livres la poignée. Et les poignées se présentent par centaines, à chaque coin, sous chaque lanterne, de chaque fenêtre et sur chaque banc.

Les rues désertes de mon monde abritent tous les refoulés, brisés et saccagés des illusions. Mes ruelles, sombres de leurs petites lumières, sont leurs « rêvatoires » à eux. Ils s’y languissent de peine, de misère et de tourments, les plus doux tourments de la vie. Ils s’accrochent aux ballons violets qui se balancent aux airs de chaque soupir, aux rythmes de chaque sanglot. Ils s’étendent sur les racines des lanternes à eaux qui se remuent et s’incrustent à chaque pas manqué, à chaque soûlé trébuchant de son extase. Ils croquent à pleines dents aux paves des ponts entourant chaque effigie de cire et lèchent avec passion les malaises aux fraises et les embarras au chocolat. Ils serrent les ombres dénudés très fort dans leur for intérieur et s’engourdissent du vertige des derniers adieux et des meilleurs vœux. Ils s’élancent et foncent et voltigent dans toutes les directions de mon monde, bondissant ou se jetant dans chaque oubli et chaque souvenir, chaque mirage et chaque chimère, se heurtant et se brisant à chaque statue, à chaque barrière, à chaque mur, à chaque abîme.

L’amour se vend par bousculades, par engueulades, par tonnerres, par émergences dans les rues de mon monde. Il se vend aux enchères, aux cous, à la lumière et aux ombres. Et les bannis du cœur le crèvent à force de soif, de faim, d’avidité. Et les poignés d’amour les giflent, les assouvissent, les gavent de délices, de bonheurs et d’allégresses.

L’amour se vend gratuitement dans les mondes de mon monde. Il s’offre entièrement à toi, à lui, à elle, à vous.
Cela fait des ans qu’il vous attend.
Il dépérit dans la moisissure, se fermente dans la solitude.
Et attend.
Il prie par manque de foi, se console par manque de confiance.
Et attend.
Le moindre souffle.
Le moindre geste.
Le moindre


cri.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Il dépérit dans la moisissure, se fermente dans la solitude."