mardi 26 février 2008

La vie se moule d'une seule et unique façon.

La vie se moule de cette façon-ci. Il faut l’accepter telle qu’elle se présente à nos yeux, à nos sens, à nos coeurs. Les fleurs dégagent cet arome, les oiseaux gazouillent cette mélodie, les citrons possèdent ce goût, et le ciel se colore de ces tonalités de bleu. Il n’y a pas d’autres façons de voir, d’autres façons d’être.

La vie s’est moulé de cette façon-ci, fascinante oui, merveilleuse oui, mais il n’y en a pas d’autres. Elle ne se renouvelle pas, elle n’explore pas de nouveaux moules, elle n’oscille pas dans d’autres directions. Elle ne se fatigue pas à nous fasciner de plus. Elle se moule d’une seule façon et s’amuse à se répéter aux générations qui viennent et qui partent. Elle s’installe. Elle observe. Elle nous attend. Elle nous ennuie. Elle nous emmerde. Elle nous engorge. Elle nous moule à son moule. Elle nous rend aussi fascinant que fastidieux. C’est le jeu auquel elle se jette, sans risques, sans pertes, sans gains. Elle s’y jette avec la sûreté aveugle que son moule ne se cassera jamais, que son rythme, sa musique, ses couleurs ne se casseront jamais.

Que c’est l’homme seul qui se casse.

Rien n’est plus fragile que le moule de l’homme, rien n’est plus modelable, rien n’est plus malléable. Tellement de plasticité au centre de tellement de frigidité, ça tue. On ne se trouve plus. On se perd. On tourne et on tourne et on change de formes, d’idées, de personnalités, on se soûle d’autant de changement, on tombe dans le vertige du nouveau… Et pourtant, tout autour c’est le même moule qui nous inonde. C’est comme si la vie se moque de nous, s’en fout de nous, de nos tourments et de nos joies. Elle en a témoigné assez pour ne plus bouger d’un cil. Nous ne sommes que des instants passagers, des murmurs éphémères, des échos dans son air. Elle s’enracine et nous flottons. Et elle n’essaye même pas de nous attraper. Elle s’amuse à nous renifler de plus en plus loin. Elle nous alourdi et nous envoie vers l’éternel. Nous ne sommes que ses poupées jetables, recyclables, agonisants, expirants. Nous régalons sa frivolité et nous périssons. Alors qu’elle, victorieuse et souriante, se rassasie et nous engouffre dans son moule, qui suivra, à jamais, la même règle du constant.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ca parait initialement tellement banal à réaliser mais tellement dur a formuler. Chapeau d'avoir fait les 2 a la fois!...sublime.