mercredi 22 juillet 2009

Le soleil de midi me suit.

Le soleil de midi me suit à toute heure de la journée. Je ne me lève plus. Je ne me couche plus. Je me cache sous des lunettes noirs et un chapeau de paille. Mais il n’arrête pas de me suivre. Il me suit tel mon ombre. Pourtant, à midi, les ombres n’existent plus. Il me brûle les poumons avec sa chaude insistance. Il me cuit la peau avec sa radiante verticalité. Il me suit sans se lasser. Je transpire, je fonds, je me liquéfie et puis m’évapore. Et il me suit toujours. J’opte pour un parapluie, plutôt un parasol. Ile me retrouve. Partout. Détecte mes moindres mouvements, mes moindres changements.

J’avais damné le nuage gris qui hantait ma vie pour trop longtemps, il clame. Et voici mon cadeau de retour. Le retour vers une vie aussi aveuglante que des miroirs sous un soleil de midi. J’avais cherché midi à 14h pour trop longtemps, il clame. Et voici midi qui me retrouve et me suit a 14h, à 16h, à 21h, n’importe.
Le soleil de midi me suit à toute heure de la journée. Le soleil de midi n’a aucun romantisme mythique. Rond. Jaune. Brûlant. Point à la ligne. Il ne se lève plus. Il ne se couche plus. Sa rondeur n’a rien à voir avec la magie d’une lune complète. Son jaune ne peut même pas être admiré. Il me suit, tel une seconde tête. Ruminant, rigolant. Un cas de cuisson risible. Je m’étouffe. Je m’écrase.

Je me révolte.

Je le regarde plein le visage. Il m’aveugle. J’enlève mes lunettes. Je monte tous les escaliers de la ville. Je m’approche de lui jusqu’à le toucher. La paille s’enflamme. J’enlève mon chapeau. J’enlève tous mes habits. Je me tiens nue et aveugle devant le soleil. Et j’attends. J’attends, j’attends, j’attends. Je ne me transforme pas en cendres. Je ne fonds pas non plus. Je ne brûle pas. Je ne sens même plus sa chaleur. Immunité solaire totale. Sans écran, sans lunettes, sans aucune protection. Totale. A force de vivre intensément, rien ne nous touche plus. Même les émotions possèdent une date d’expiration. Et même le soleil ne salivera pas le goût de sa vengeance. L’indifférence est l’écran le plus efficace. Contre tout.

Le soleil de midi me suit à toute heure de la journée. Je m’en fous.